L’infolettre est peut-être le canal le plus sous-estimé de ton arsenal numérique. Et pourtant, elle reste l’un des plus efficaces pour les OBNL. En 2025, elle évolue, se raffine… mais ne disparaît pas. Voici pourquoi et comment en faire une vraie force dans ta stratégie de communication.
Une infolettre bien formatée, envoyée à l’aveugle, dans l’espoir que quelqu’un clique, lise, s’émeuve, réponde : ça ne suffit plus. Non, ton infolettre n’est pas morte. Mais si tu veux qu’elle vive, qu’elle engage, qu’elle mobilise, alors il est temps d’arrêter de l’écrire comme en 2008.
En 2025, le marketing par courriel n’a jamais été aussi pertinent… pour peu qu’on sache s’adapter.
Et ça tombe bien : Cyberimpact1 a sondé plus de 10 000 spécialistes canadiens pour livrer un portrait sans filtre des tendances et pratiques les plus efficaces. Une vérité : les OBNL ont encore une sacrée carte à jouer.
Voici ce que tu dois vraiment savoir. Et surtout quoi faire avec.
L’infolettre reste un outil puissant en 2025
Malgré les réseaux sociaux et les tendances qui vont et viennent, le marketing par courriel reste un canal de confiance. Et les chiffres le prouvent :
- Le taux d’ouverture moyen toutes industries confondues atteint 41,92 %.
- Dans les secteurs à fort lien communautaire (santé, villes), on dépasse même les 50 %.
- Le taux de désabonnement moyen reste très bas : 0,26 %.
En clair, c’est un outil de mission, autant qu’un outil de communication. Surtout quand on sait que plus de 90 % des courriels sont ouverts sur ordinateur, un format propice à la lecture attentive. Et si le contenu est pertinent, personnalisé et envoyé avec régularité, les résultats suivent. En 2025, l’infolettre est encore un des seuls canaux que tu possèdes entièrement. Pas d’algorithme imprévisible, pas de dépendance aux plateformes sociales. Juste toi et ta communauté. Et ça, c’est une force.
Les erreurs qui tuent ton infolettre
Tu envoies des courriels… mais personne ne lit? On a peut-être trouvé pourquoi. Voici 5 erreurs fatales à éviter absolument :
1. Ne pas segmenter tes listes d’envoi
Un message générique ne touche personne. Envoie un contenu adapté aux bénévoles, un autre pour tes donateurs, et un troisième pour les partenaires institutionnels. La segmentation augmente l’engagement, tout simplement.
2. Trop de promotion, pas assez d’information
L’infolettre n’est pas une brochure. Elle doit inspirer, informer, connecter. Par exemple : au lieu d’un simple appel à dons, partage l’histoire d’une personne impactée par votre travail. L’émotion précède l’action.
3. Oublier la lecture mobile
Même si 90 % des ouvertures se font sur ordi, ton courriel doit rester lisible et fluide sur téléphone. Utilise une mise en page aérée, une police lisible, des boutons CTA bien visibles. Teste chaque envoi sur mobile avant l’envoi final.
4. Des objets d’email ternes
Si le sujet n’attire pas, ton courriel ne sera même pas ouvert. Compare : “Bulletin de juin” vs. “3 nouvelles qui vont te faire aimer juin“.
Teste différentes approches : humour, teasing, question directe.
5. Ignorer les statistiques
Pas de mesure = pas d’amélioration. CTR, taux d’ouverture, désabonnements : ces données sont des boussoles. Par exemple, un taux d’ouverture sous 20 %? Il est temps de revoir l’objet de tes courriels. Trop de désabonnements? Le contenu ou la fréquence est en cause.
On ne t’en demande pas trop. Mais juste assez pour que tes courriels aient une vraie chance de faire leur job.
Les KPIs à suivre pour mesurer réellement ton impact
Tu n’améliores que ce que tu mesures. Et pourtant, trop d’OBNL continuent d’envoyer des infolettres sans suivre aucun indicateur. Résultat : zéro visibilité sur ce qui fonctionne vraiment. Voici les indicateurs vitaux à suivre (et à comprendre) si tu veux que ton infolettre devienne un véritable levier :
1. Taux d’ouverture (Open Rate)
Définition : pourcentage de courriels ouverts par rapport à ceux qui ont été délivrés.
Objectif à viser : +40 % (la moyenne canadienne selon Cyberimpact est à 41,92 %).
À surveiller : un taux bas peut indiquer un objet d’email peu engageant ou une mauvaise réputation d’expéditeur.
Exemple : Teste deux objets : « Notre infolettre de juin » vs. « Ce qu’on ne vous a jamais dit sur notre impact en juin ». Puis compare.
2. Taux de clics (CTR – Click-Through Rate)
Définition : pourcentage de personnes ayant cliqué sur au moins un lien dans ton courriel, par rapport au nombre total de courriels délivrés.
Objectif à viser : environ 3,5 % minimum.
Astuce : place un lien visible dès le haut de ton courriel. Ajoute des boutons CTA (call-to-action) clairs comme « Découvrir le projet », « Faire un don », « S’inscrire maintenant ».
Exemple : Si tu annonces un événement, ajoute un lien cliquable vers l’inscription. Puis analyse combien ont cliqué.
3. Taux de clic par ouverture (CTOR – Click-To-Open Rate)
Définition : pourcentage de clics parmi les personnes qui ont ouvert le courriel.
Pourquoi c’est utile : ça te dit si ton contenu engage réellement ceux qui ouvrent.
Exemple : 100 ouvertures, 20 clics = CTOR de 20 %. Si ton CTOR est bas, retravaille le contenu ou les CTA de ton message.
4. Taux de désabonnement
Définition : pourcentage de destinataires qui se désinscrivent après un envoi.
Objectif : rester sous 0,5 %.
À éviter : un contenu trop promotionnel, une fréquence trop élevée ou… un message qui n’apporte rien de neuf.
Exemple : ajoute un petit sondage à la fin de ton message : « Qu’aimeriez-vous voir dans notre prochaine édition? » Ça crée du lien et diminue les désabonnements.
5. Taux de rebond dur (Hard Bounce)
Définition : taux d’échec permanent de livraison (adresse invalide, boîte pleine, domaine inexistant).
Seuil acceptable : moins de 0,3 %.
À faire : nettoie régulièrement ta liste, utilise un double opt-in, et configure les bons protocoles (SPF, DKIM, DMARC) pour améliorer ta délivrabilité.
Rappel : un trop grand nombre de rebonds peut nuire à ta réputation d’expéditeur et faire atterrir tes courriels… en indésirables.
Si tu veux que ton infolettre travaille pour ta mission, ne regarde pas juste qui l’a reçue. Regarde qui l’a ouverte, qui a cliqué, qui est parti, et pourquoi. Car une bonne stratégie, ce n’est pas juste d’écrire. C’est de mesurer, comprendre… et ajuster.
L’IA : ton nouvel allié
L’intelligence artificielle est partout. Et non, elle ne va pas remplacer ton infolettre. Mais bien utilisée, elle peut l’amplifier. L’affiner. La rendre plus utile. Plus humaine, même. La clé c’est de ne pas chercher à automatiser l’émotion. Mais plutôt à utiliser l’IA (générative) comme un levier pour mieux connaître ton audience, gagner du temps… et mieux raconter ce qui compte.
Voici quelques pistes :
1. Générer des idées de contenu adaptées à ton audience
Avec des outils comme ChatGPT, Jasper ou Notion AI, tu peux brainstormer rapidement des sujets d’infolettres adaptés à tes segments (donateurs, bénévoles, nouveaux inscrits, etc.).
Exemple : Demande « 5 idées d’infolettres pour remercier des bénévoles après un événement communautaire ».
2. Rédiger des premières versions (puis réécrire avec ton cœur)
L’IA peut t’aider à structurer un courriel ou rédiger un brouillon. Mais c’est à toi d’y injecter l’âme, l’intention, le ton de ton organisme.
3. Optimiser les objets d’email
Tu manques d’inspiration? Demande à l’IA de générer 10 objets d’email engageants à partir d’un contenu donné.
Exemple : « Génère 10 objets de courriel percutants pour une infolettre qui annonce un nouveau projet jeunesse ».
4. Personnaliser l’expérience
Certaines IA intégrées aux plateformes d’envoi permettent de personnaliser les contenus selon les préférences ou comportements des lecteurs : nom, région, type d’interaction, etc.
Résultat : un message qui sonne plus juste, plus ciblé.
5. Automatiser des séquences sans perdre la chaleur humaine
Grâce à l’IA, tu peux planifier une série de courriels automatisés après l’inscription à ton infolettre : mot de bienvenue, présentation de l’organisme, demande de préférences.
Attention : chaque message doit garder une tonalité authentique et accueillante, même généré automatiquement.
L’IA n’écrit pas mieux que toi. Mais elle peut t’aider à écrire plus vite, plus juste, plus stratégiquement. En 2025, intégrer l’IA dans ta stratégie courriel, ce n’est pas trahir ta mission. C’est lui donner plus de portée, sans sacrifier ton identité.
Conclusion
L’infolettre est encore vivante. Puissante. Efficace. Mais seulement si tu la traites comme un outil stratégique. Segmenter. Créer. Tester. Mesurer. Améliorer.
En 2025, les OBNL n’ont pas besoin d’envoyer plus de courriels. Mais d’envoyer mieux. Et avec les bons KPIs, un contenu qui parle… Ton infolettre peut redevenir ce qu’elle a toujours été dans le secteur communautaire : un pont entre toi et celles et ceux qui croient en ta mission.